samedi 4 janvier 2014

Le soleil sous la soie. Eric Marchal (éditions Anne Carrière, 621 pages)

Janvier 1694-Mars 1729, Nancy, Duché de Lorraine.
En cette fin de 17ème siècle , alors que la Lorraine est encore occupée par les français, Nicolas Deruet, chirurgien ambulant, est de retour à Nancy chez son maître d'apprentissage François Delvaux. 
Mais quelques mois après qu'il ait repris les consultations auprès de celui que l'on nomme le Hérisson blanc, il est appelé au chevet de l'homme le plus puissant du duché, le gouverneur de Lorraine, nommé par louis XIV. Malheureusement l'intervention qu'il pratique pour traiter ses lithiases tourne mal et, sur l'initiative de Courlot, médecin personnel du gouverneur humilié qu'on lui ait préféré le chirurgien, il est emprisonné puis contraint à l'exil. Engagé dans l'armée, en guerre contre l'empire ottoman, il va pratiquer la chirurgie de guerre pendant plusieurs années dans les steppes hongroises avant de revenir à Nancy exercer à l'hôpital Saint Charles et retrouver les deux femmes qu'il y a laissé, Rosa, marquise de Cornelli  et Marianne Pajot accoucheuse de son état.

Le soleil sous la soie est tout à la fois un roman d'aventures et un roman historique que je rapproche un peu des piliers de la terre de Ken Follet. Cependant, pour ma part, ce dernier m'était tombé des mains au moment de la mort brutale du héros, bien avant la fin du livre, alors que j'ai dévoré celui-ci jusqu'au bout. Il vous fera voyager dans le temps et l'espace, vous transportant de la Lorraine occupée aux steppes de Hongrie et vous fera approcher de près la vie quotidienne de l'époque chez les puissants comme au sein du peuple. Il permet aussi de découvrir une partie de l'histoire de la Lorraine, que j'ignorais complètement, au temps du Roi Soleil. Mais le roman permet surtout de découvrir les débuts de la chirurgie de manière très réaliste puisque, pour relater les interventions pratiquées, l'auteur s'est inspiré des archives de l'académie royale de chirurgie. Inutile de dire qu'a l'époque ou les seuls anesthésiques en vigueur étaient le laudanum, dérivé de l'opium, et l'alcool, il fallait un certain courage pour accepter de passer sous le scalpel du chirurgien!!! Quant à la médecine n'en parlons pas, la saignée résumait à peu près tout ce que l'on proposait au pauvre patient...Pour ma part j'ai trouvé que c'était la partie la plus réussie du roman. Les personnages ont chacun des personnalités attachantes mais si je devais trouver un point négatif à ce roman je le situerai dans la personnalité du héros principal, Nicolas Deruet. Je l'ai trouvé bien trop parfait et trop lisse a mon goût mais cela  n'a pas été suffisant pour gâcher ma lecture et je ne peux que vous la conseiller. Je remercie Joëlle si elle passe par là, elle qui m'a parlé de ce livre il y a bien longtemps (sa chronique içi) ayant perçu qu'il me plairait certainement. A l'avenir j'essaierai de ne plus tarder autant à suivre tes bons conseils ;)  

samedi 21 décembre 2013

Soufi, mon amour. Elif Shafak (éditions Phébus,399 pages)


Mai 2008, Northampton, Massachusetts.
Ella Rubinstein, à l'aube de ses quarante ans, est une femme au foyer américaine dévouée à sa famille. Depuis vingt ans, elle se sacrifie au bien être de David, son mari, fermant les yeux sur ses multiples infidélités, et de leurs trois enfants Jeannette, Orly et Avi. Ces derniers devenus grands, elle décide de franchir le pas et de  reprendre une activité professionnelle. Grâce à David, elle décroche  un emploi de lectrice pour une fameuse agence littéraire de Boston. Le premier manuscrit qu'on lui envoie se nomme "Doux blasphème" et a pour auteur un certain Aziz Z. Zahara. Le roman retrace l'histoire de Rumi, célèbre poète persan du treizième siècle, et de sa rencontre avec Shams de Tabriz, derviche musulman. La lecture va bouleverser la vie d'Ella, telle "une pierre soudain jetée dans le lac tranquille de sa vie", et une correspondance va débuter entre la lectrice et l'auteur.
 
J'avais un peu peur de me lancer dans ce roman mais les bonnes critiques entendues ça et là m'ont finalement décidé à m'en emparer sur les rayonnages de la médiathèque. Mes craintes n'étaient pas fondées car ce fut une lecture plutôt facile et assez captivante. Par l'entremise d'Ella, on découvre l'histoire de Shams de Tabriz et de Rumi et les fondements du soufisme. "Doux blasphème" est constitué de courts chapitres le plus souvent, donnant tour à tour la parole à de nombreux personnages, dont le récit nous transporte au treizième siècle en perse, dans la petite ville de Konya ou vit Rumi. L'arrivée de Shams, derviche errant, va bouleverser la vie de cet homme respecté et dont les sermons à la mosquée de la ville attirent les foules, ruiner sa réputation mais aussi lui permettre de devenir le grand poète qui restera dans l'Histoire. Au fil du récit ce sont les bases du soufisme qui nous sont racontées d'une manière tout à fait abordable. Parallèlement, la correspondance que va débuter Ella avec Aziz va de la même façon lui faire découvrir d'autres horizons et la conduire en quelques mois à tout remettre en cause dans sa vie bien réglée.   

lundi 16 décembre 2013

Immortelle randonnée. Compostelle malgré moi. Jean-Christophe Rufin (éditions Guérin Chamonix, 259 pages)

Jean- Christophe Rufin, médecin, romancier, diplomate, nous fait ici le récit de son expérience du chemin de Compostelle. 
Celui qui ne souhaitait au départ qu'une longue marche solitaire nous raconte comment il s'est fait "happé par le chemin". Il a parcouru le chemin du nord, "le Norte", au départ d'Hendaye, moins fréquenté que le Camino Frances, et qui, après 800 kms, l'a mené à Compostelle. Il nous raconte le quotidien du marcheur, ses motivations, la lente transformation qui s'opère chez le pèlerin et les rencontres du chemin....
 
Encore un livre pour les marcheurs... mais pas seulement. JC Rufin, membre de l'académie française et prix Goncourt est un auteur que j'apprécie et ceci ajouté au thème du dit livre je ne pouvais y résister... Je me suis donc jetée dessus dès qu'il a été disponible à la médiathèque. Même si ce n'est pas à proprement parler un coup de cœur j'ai, une fois plus, passé un bon moment de lecture. Il y a bien quelques longueurs dans certaines descriptions mais, après tout, elle reflète certainement les longueurs  que l'on peut ressentir parfois sur les chemins de randonnée... J'ai apprécié l'humour avec lequel sont décrit les caractéristiques des différents "types" de pèlerin, leurs traits communs et certaines de leurs motivations. Par ailleurs, autant que je puisse en juger n'ayant pas encore pu moi même vivre cette expérience qui pourtant me tente assez, je pense que le chemin en lui-même est décrit de manière très réaliste, notamment certaines de ses portions, industrialisées au possible, qui refroidissent un peu mes ardeurs. Comme beaucoup d'autres ayant tenté l'aventure l'auteur décrit bien la transformation intérieure qui se produit chez le marcheur, quelques soient ses motivations initiales. J'ai quand même été un peu déçue qu'il reconnaisse que cette nouvelle façon d'appréhender la vie  s'estompait bien vite lors du retour à la civilisation, moi qui m'imaginait que le chemin vous transformait de façon irrémédiable. J'ai hâte en tous cas de connaître l'avis après lecture de mes deux pèlerines préférées qui ont parcouru ce même chemin il n'y a pas si longtemps!    

samedi 23 novembre 2013

Le fils. Michel Rostain (éditions Pocket, 151 pages)


En 2010 Michel Rostain parvient à raconter la perte de son fils unique décédé en 2003 d'un purpura fulminans, forme foudroyante de méningite. Il le fait d'une manière particulière prêtant sa voix à son fils qui devient lui-même narrateur, observateur de ce père  en deuil.
Je choisis cette fois de laisser l'auteur parler du récit  de cet évènement terrible et intime. Je n'ai malheureusement pas réussi à retrouver son passage dans la grande librairie de Février 2011. Je vous propose donc une interview  dans la matinale d'Europe 1 au lendemain de l'obtention du Goncourt de premier roman.
 
 
 

mardi 19 novembre 2013

Glacé. Bernard Minier (éditions XO, 553 pages)

Décembre 2008, Saint-Martin-De-Comminges, Pyrénées.
Alors qu'ils montent en téléphérique à la centrale hydroélectrique d'Arruns, les cinq ouvriers chargés de la maintenance de l'usine ont une mauvaise surprise. A deux mille mètres d'altitude le cadavre d'un cheval décapité les y attend, pendu à la falaise. Le Yearling n'appartient pas à n'importe qui mais au propriétaire de la centrale, Éric Lombard, enfant du pays et héritier d'une dynastie de financiers, de capitaines d'industrie et d'entrepreneurs aujourd'hui milliardaire. La procureur Cathy d'Humières sait que l'enquête sera suivie en haut lieux et décide de la confier au commandant Martin Servaz, flic toulousain qui bénéficie de son estime. D'abord interloqué d'être sollicité pour une affaire de ce genre et par les moyens mis en œuvre, Servaz va vite pressentir que tout cela n'est qu'un début et que les choses ne vont malheureusement pas s'arrêter là. Les yeux ne manquent pas de se tourner vers l'Institut Wargnier, asile psychiatrique d'un tout nouveau genre situé dans la vallée, ou sont enfermés quatre vint huit patients particulièrement dangereux provenant d'institutions pénales ou d'établissements psychiatriques de toute l'Europe. C'est d'ailleurs ce même jour que Diane Berg, jeune psychologue suisse, y prend ses nouvelles fonctions et l'accueil n' y est pas des plus chaleureux... 
 
Aux amateurs de thrillers je ne peux que conseiller ce premier roman qui a d'ailleurs été récompensé en 2011 au festival de Cognac par le prix polar. Je ne suis moi même pas une spécialiste ni même une véritable amatrice et il m'est arrivé à plusieurs reprises d'abandonner des lectures en cours trop éprouvantes pour mon âme sensible (notamment celle pas si lointaine de "Un sur deux" de Mosby pourtant d'une grande qualité mais que je ne pouvais supporter...). Içi, même si de nombreux passages sont notablement angoissants et les scènes de crimes pas ragoûtantes, j'ai trouvé l'histoire particulièrement addictive et malgré  l'angoisse, en serrant les dents et en me cramponnant à mon bouquin, j'ai pu poursuivre ma lecture. On s'attache assez vite aux personnages, notamment bien sur à celui du commandant Servaz et à la fin de ce premier opus je suis tout à fait partante pour le suivre dans de nouvelles aventures.... Quant à l'intrigue rien à en dire, j'ai soupçonné tout au long de l'histoire bien des tueurs possibles mais jamais le coupable véritable....