samedi 21 décembre 2013

Soufi, mon amour. Elif Shafak (éditions Phébus,399 pages)


Mai 2008, Northampton, Massachusetts.
Ella Rubinstein, à l'aube de ses quarante ans, est une femme au foyer américaine dévouée à sa famille. Depuis vingt ans, elle se sacrifie au bien être de David, son mari, fermant les yeux sur ses multiples infidélités, et de leurs trois enfants Jeannette, Orly et Avi. Ces derniers devenus grands, elle décide de franchir le pas et de  reprendre une activité professionnelle. Grâce à David, elle décroche  un emploi de lectrice pour une fameuse agence littéraire de Boston. Le premier manuscrit qu'on lui envoie se nomme "Doux blasphème" et a pour auteur un certain Aziz Z. Zahara. Le roman retrace l'histoire de Rumi, célèbre poète persan du treizième siècle, et de sa rencontre avec Shams de Tabriz, derviche musulman. La lecture va bouleverser la vie d'Ella, telle "une pierre soudain jetée dans le lac tranquille de sa vie", et une correspondance va débuter entre la lectrice et l'auteur.
 
J'avais un peu peur de me lancer dans ce roman mais les bonnes critiques entendues ça et là m'ont finalement décidé à m'en emparer sur les rayonnages de la médiathèque. Mes craintes n'étaient pas fondées car ce fut une lecture plutôt facile et assez captivante. Par l'entremise d'Ella, on découvre l'histoire de Shams de Tabriz et de Rumi et les fondements du soufisme. "Doux blasphème" est constitué de courts chapitres le plus souvent, donnant tour à tour la parole à de nombreux personnages, dont le récit nous transporte au treizième siècle en perse, dans la petite ville de Konya ou vit Rumi. L'arrivée de Shams, derviche errant, va bouleverser la vie de cet homme respecté et dont les sermons à la mosquée de la ville attirent les foules, ruiner sa réputation mais aussi lui permettre de devenir le grand poète qui restera dans l'Histoire. Au fil du récit ce sont les bases du soufisme qui nous sont racontées d'une manière tout à fait abordable. Parallèlement, la correspondance que va débuter Ella avec Aziz va de la même façon lui faire découvrir d'autres horizons et la conduire en quelques mois à tout remettre en cause dans sa vie bien réglée.   

lundi 16 décembre 2013

Immortelle randonnée. Compostelle malgré moi. Jean-Christophe Rufin (éditions Guérin Chamonix, 259 pages)

Jean- Christophe Rufin, médecin, romancier, diplomate, nous fait ici le récit de son expérience du chemin de Compostelle. 
Celui qui ne souhaitait au départ qu'une longue marche solitaire nous raconte comment il s'est fait "happé par le chemin". Il a parcouru le chemin du nord, "le Norte", au départ d'Hendaye, moins fréquenté que le Camino Frances, et qui, après 800 kms, l'a mené à Compostelle. Il nous raconte le quotidien du marcheur, ses motivations, la lente transformation qui s'opère chez le pèlerin et les rencontres du chemin....
 
Encore un livre pour les marcheurs... mais pas seulement. JC Rufin, membre de l'académie française et prix Goncourt est un auteur que j'apprécie et ceci ajouté au thème du dit livre je ne pouvais y résister... Je me suis donc jetée dessus dès qu'il a été disponible à la médiathèque. Même si ce n'est pas à proprement parler un coup de cœur j'ai, une fois plus, passé un bon moment de lecture. Il y a bien quelques longueurs dans certaines descriptions mais, après tout, elle reflète certainement les longueurs  que l'on peut ressentir parfois sur les chemins de randonnée... J'ai apprécié l'humour avec lequel sont décrit les caractéristiques des différents "types" de pèlerin, leurs traits communs et certaines de leurs motivations. Par ailleurs, autant que je puisse en juger n'ayant pas encore pu moi même vivre cette expérience qui pourtant me tente assez, je pense que le chemin en lui-même est décrit de manière très réaliste, notamment certaines de ses portions, industrialisées au possible, qui refroidissent un peu mes ardeurs. Comme beaucoup d'autres ayant tenté l'aventure l'auteur décrit bien la transformation intérieure qui se produit chez le marcheur, quelques soient ses motivations initiales. J'ai quand même été un peu déçue qu'il reconnaisse que cette nouvelle façon d'appréhender la vie  s'estompait bien vite lors du retour à la civilisation, moi qui m'imaginait que le chemin vous transformait de façon irrémédiable. J'ai hâte en tous cas de connaître l'avis après lecture de mes deux pèlerines préférées qui ont parcouru ce même chemin il n'y a pas si longtemps!